Jerzy Brzozowski

LES "FLEURS DU MAL" DE BAUDELAIRE:
VERS LA MODERNITE POETIQUE

Résumé

Le point de départ de la présente étude était la constatation d'une haute dépendance de la critique baudelairienne polonaise de la fin du XIXe siècle, des sources parisiennes. En fait, même le texte considéré longtemps comme le premier essai critique polonais sur Baudelaire, s'est avéré, après une analyse minutieuse, une traduction camouflée d'un article d'Edmond Scherer. Cette constatation a amené l'auteur à la conclusion qu'il existe un faussement de perspective considérable juste à la période initiale de la réception polonaise des Fleurs du mal. Le remède a paru simple: puiser aux sources, c'est à dire passer en revue les énoncés le plus typiques de la critique française sur les Fleurs du mal à partir des années 1860 jusqu’à la fin du XIXe si cle. L'ambition de l'auteur était de ne point pratiquer une lecture passive des sources, mais d'en tirer des conclusions de double nature. Elles illustrent, d'une part, la filiation baudelairienne chez ses héritiers symbolistes et décadents, mais aussi des affinités avec ses contemporains réalistes et les précurseurs du naturalisme: ce point justifie le titre de l'étude et intéresse surtout les lecteurs polonais. D'autre part, la lecture des sources montre un fait trop peu évoqué récemment: les contemporains de Baudelaire étaient révoltés non seulement par son "attentat" à la morale et le réalisme brutal de certaines de ses images, mais aussi par sa langue: ses métaphores, dérivant de sa conception des correspondances, étaient considérées par certains critiques comme incompréhensibles. L'auteur essaie de démontrer que la rage des critiques contre Baudelaire venait probablement en partie du fait qu'il portait atteinte à l'unicité de la triade platonicienne du Beau (en l'associant avec le mal), du Bon (en le dissociant du Beau et en soussignant au programme de l'art pour l'art) et du Vrai (en minant le système établi de l'imaginaire).